[itzul] Jokin Zaitegi Saria 2008

Xabier Mendiguren xmendiguren a bildua elkar.com
As, Urr 28, 13:56:36, CET 2008


Zuen interesekoa izango delakoan, hona oinarriak eta lagina.

  XXII. Jokin Zaitegi Sariketa
Literatura Nobel Sariak euskaratzeko beka 2008

Arrasateko AED Elkarteak eta Elkar argitaletxeak, Kutxaren 
laguntzarekin, Jokin Zaitegi arrasatear idazlea gogoratzeko eta hark 
literatura unibertsala euskaratzen egindako ahaleginari jarraitzeko, 
XXII. Jokin Zaitegi Sariketa antolatzen dute, aurtengo Literaturako 
Nobel saridunaren lana itzultzeko erabiliko dena, ondorengo oinarrien 
arabera:
1. 2008an Suediako Akademiak Jean-Marie Gustave Le Clézio idazle 
frantsesari eman dio Literaturako Nobel Saria, eta Jokin Zaitegi 
Sariketa honen helburua Le Clézio-k idatzitako Désert (Basamortua) 
eleberria itzularaztea da.
2. Liburu hori itzultzeko gogoa eta gaitasuna dituen edonork har dezake 
parte lehiaketa honetan. Horretarako, obraren lehenengo orriak 
euskaratu beharko ditu, eta egindako lan horrexen hiru kopia bidali AED 
Elkartearen egoitzara (Pablo Uranga 4 behea, 20500 Arrasate), 2008ko 
abenduaren 15a baino lehen; ez da itzultzailearen izenik agerian 
jarriko, baina bai goiburu bat; itzultzailearen datuak eta telefonoa 
gutunazal itxi baten barruan adieraziko dira, eta sobre horren azalean 
goiburu bera errepikatu.
3. Lehen orri horiei dagokien jatorrizko testua antolatzaileek jarriko 
dute partehartzaileen esku, hauek eskatu ahala –telefonoz, idatziz 
nahiz e-mailez–. Internet bidez ere lortu ahal izango da testu hori, 
ondoko helbide honetan:
www.elkarargitaletxea.com/jokinzaitegi
4. Iñigo Errastik, Mikel Garmendiak eta Kattalin Totorikak osatutako 
epaimahaiak, jasotako itzulpenak aztertu eta haietako bat izendatuko du 
irabazle 2009ko urtarrilaren amaiera baino lehen. Aurkeztutako lanek 
aski kalitaterik ez balute, saria hutsik utzi ahalko dute. Kasu 
horretan, antolatzaileek aukera izango lukete itzulpen hori enkarguz 
norbaiti eskatzeko, bekako diru-kopuruaren truke.
5. Irabazleak 7.500 euroko saria irabaziko du Désert (Basamortua) 
eleberria osorik itzultzeko: diru erdia jakinarazpena egitean jasoko 
du, eta beste erdia lan amaitua entregatu ostean. Lan amaitua 2009ko 
irailaren 30a baino lehen entregatu beharko du Elkar argitaletxean. 
Epeak beteko ez balira, edo itzulpenaren kalitatea nabarmen txarra 
balitz (epaimahaiaren iritziz betiere), sariaren bigarren zatia jaso ez 
eta lehena itzuli egin beharko luke irabazleak.
6. Elkar etxeak –eskubideak aurrez eskuratuta– argitaratuko du Désert 
(Basamortua) eleberria euskaraz, eta 2009ko Durangoko Azoka izango da 
hori egiteko epemuga. Ale guztietan nabarmen aipatuko da Jokin Zaitegi 
saria, baita itzultzailearen izena ere, zeinak ez baitu galduko bere 
lanaren gaineko jabetza. Antolatzaileez gain, Kutxa babesleak ere 
dagokion tokia izango du edizioan.
7. Sariketa honetan parte hartzeak bertako oinarriak ontzat ematea 
dakar. Berauen ulermenean zalantzarik sortuko balitz, antolatzaileei 
dagokie erabakitzea.
Harremanetarako:
liburuak a bildua elkar.com  943310267
aed a bildua aedelkartea.com 943771228

J.M.G. Le Clézio
Désert

Saguiet et Hamra, hiver 1909-1910

Ils sont apparus, comme dans un rêve, au sommet de la dune, à demi 
cachés par la brume de sable que leurs pieds soulevaient. Lentement ils 
sont descendus dans la vallée, en suivant la piste presque invisible. 
En tête de la caravane, il y avait les hommes, enveloppés dans leurs 
manteaux de laine, leurs visages masqués par le voile bleu. Avec eux 
marchaient deux ou trois dromadaires, puis les chèvres et les moutons 
harcelés par les jeunes garçons. Les femmes fermaient la marche. 
C'étaient des silhouettes alourdies, encombrées par les lourds 
manteaux, et la peau de leurs bras et de leurs fronts semblait encore 
plus sombre dans les voiles d'indigo.

Ils marchaient sans bruit dans le sable, lentement, sans regarder où 
ils allaient. Le vent soufflait continûment, le vent du désert, chaud 
le jour, froid la nuit. Le sable fuyait autour d'eux, entre les pattes 
des chameaux, fouettait le visage des femmes qui rabattaient la toile 
bleue sur leurs yeux. Les jeunes enfants couraient, les bébés 
pleuraient, enroulés dans la toile bleue sur le dos de leur mère. Les 
cha­meaux grommelaient, éternuaient. Personne ne savait où on allait.

Le soleil était encore haut dans le ciel nu, le vent emportait les 
bruits et les odeurs. La sueur coulait lentement sur le visage des 
voyageurs, et leur peau sombre avait pris le reflet de l'indigo, sur 
leurs joues, sur leurs bras, le long de leurs jambes. Les tatouages 
bleus sur le front des femmes brillaient comme des scarabées. Les yeux 
noirs, pareils à des gouttes de métal, regardaient à peine l'étendue de 
sable, cherchaient la trace de la piste entre les vagues des dunes.

Il n'y avait rien d'autre sur la terre, rien, ni personne. Ils étaient 
nés du désert, aucun autre chemin ne pouvait les conduire. Ils ne 
disaient rien. Ils ne voulaient rien. Le vent passait sur eux, à 
travers eux, comme s'il n'y avait personne sur les dunes. Ils 
marchaient depuis la première aube, sans s'arrêter, la fatigue et la 
soif les enveloppaient comme une gangue. La sécheresse avait durci 
leurs lèvres et leur langue. La faim les rongeait. Ils n'auraient pas 
pu parler. Ils étaient devenus, depuis si longtemps, muets comme le 
désert, pleins de lumière quand le soleil brûle au centre du ciel vide, 
et glacés de la nuit aux étoiles figées.

Ils continuaient à descendre lentement la pente vers le fond de la 
vallée, en zigzaguant quand le sable s'éboulait sous leurs pieds. Les 
hommes choisissaient sans regarder l'endroit où leurs pieds allaient se 
poser. C'était comme s'ils cheminaient sur des traces invisibles qui 
les conduisaient vers l'autre bout de la solitude, vers la nuit. Un 
seul d'entre eux portait un fusil, une carabine à pierre au long canon 
de bronze noirci. Il la portait sur sa poitrine, serrée entre ses deux 
bras, le canon dirigé vers le haut comme la hampe d'un drapeau. Ses 
frères marchaient à côté de lui, enveloppés dans leurs manteaux, un peu 
courbés en avant sous le poids de leurs fardeaux. Sous leurs manteaux, 
leurs habits bleus étaient en lambeaux, déchirés par les épines, usés 
par le sable. Derrière le troupeau exténué, Nour, le fils de l'homme au 
fusil, marchait devant sa mère et ses sueurs. Son visage était sombre, 
noirci par le soleil, mais ses yeux brillaient, et la lumière de son 
regard était presque surnaturelle.

Ils étaient les hommes et les femmes du sable, du vent, de la lumière, 
de la nuit. Ils étaient apparus, comme dans un rêve, en haut d'une 
dune, comme s'ils étaient nés du ciel sans nuages, et qu'ils avaient 
dans leurs membres la dureté de l'espace. Ils portaient avec eux la 
faim, la soif qui fait saigner les lèvres, le silence dur où luit le 
soleil, les nuits froides, la lueur de la Voie lactée, la lune ; ils 
avaient avec eux leur ombre géante au coucher du soleil, les vagues de 
sable vierge que leurs orteils écartés, touchaient, l'horizon 
inaccessible. Ils avaient surtout la lumière de leur regard, qui 
brillait si clairement dans la sclérotique de leurs yeux.

Le troupeau des chèvres bises et des moutons marchait devant les 
enfants. Les bêtes aussi allaient sans savoir où, posant leurs sabots 
sur des traces anciennes. Le sable tourbillonnait entre leurs pattes, 
s'accrochait à leurs toisons sales. Un homme guidait les dromadaires, 
rien qu'avec la voix, en grognant et en crachant comme eux. Le bruit 
rauque des respirations se mêlait au vent, disparaissait aussitôt dans 
les creux des dunes, vers le sud. Mais le vent, la sécheresse, la faim 
n'avaient plus d'importance. Les hommes et le troupeau fuyaient 
lentement, descendaient vers le fond de la vallée sans eau, sans ombre.

Ils étaient partis depuis des semaines, des mois, allant d'un puits à 
un autre, traversant les torrents desséchés qui se perdaient dans le 
sable, franchissant les collines de pierres, les plateaux. Le troupeau 
mangeait les herbes maigres, les chardons, les feuilles d'euphorbe 
qu'il partageait avec les hommes. Le soir, quand le soleil était près 
de l'horizon et que l'ombre des buissons s'allongeait démesurément, les 
hommes et les bêtes cessaient de marcher. Les hommes déchargeaient les 
chameaux, construisaient la grande tente de laine brune, debout sur son 
unique poteau en bois de cèdre. Les femmes allumaient le feu, 
préparaient la bouillie de mil, le lait caillé, le beurre, les dattes. 
La nuit venait très vite, le ciel immense et froid s'ouvrait au-dessus 
de la terre éteinte. Alors les étoiles naissaient, les milliers 
d'étoiles arrêtées dans l'espace. L'homme au fusil, celui qui guidait 
la troupe, appelait Nour et il lui montrait la pointe de la petite 
Ourse, l'étoile solitaire qu'on nomme le Cabri, puis, à l'autre 
extrémité de la constellation, Kochab, la bleue. Vers l'est, il 
montrait à Nour le pont où brillent les cinq étoiles Alkaïd, Mizar, 
Alioth, Megrez, Fecda. Tout à fait à l'est, à peine au-dessus de 
l'horizon couleur de cendre, Orion venait de naître, avec Alnilam un 
peu penché de côté comme le mât d'un navire. Il connaissait toutes les 
étoiles, il leur donnait parfois des noms étranges, qui étaient comme 
des commencements d'histoires. Alors il montrait à Nour la route qu'ils 
suivraient le jour, comme si les lumières qui s'allumaient dans le ciel 
traçaient les chemins que doivent parcourir les hommes sur la terre. Il 
y avait tant d'étoiles ! La nuit du désert était pleine de ces feux qui 
palpitaient doucement, tandis que le vent passait et repassait comme un 
souffle. C'était un pays hors du temps, loin de l'histoire des hommes, 
peut-être, un pays où plus rien ne pouvait apparaître ou mourir, comme 
s'il était déjà séparé des autres pays, au sommet de l'existence 
terrestre. Les hommes regardaient souvent les étoiles, la grande voie 
blanche qui fait comme un pont de sable au-dessus de la terre. Ils 
parlaient un peu, en fumant des feuilles de kif enroulées, ils se 
racontaient les récits de voyages, les bruits de la guerre contre les 
soldats des Chrétiens, les vengeances. Puis ils écoutaient la nuit.






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